Axé principalement dans le développement des zones rurales, KELLAFRIQUE s’est joint à la communauté mondiale pour célébrer la Journée des populations autochtones. Pour cela les équipes de KELLAFRIQUE se sont déportées ce 02 Août 2019 vers sa Majesté Zoua Michel chef traditionnel du village EFOULAN.
1) Connaissez-vous les normes juridiques régissant la protection des peuples autochtones ?
Bien franchement je ne connais pas les normes juridiques des peuples autochtones néanmoins j’ai une idée de leur protection, ils sont minoritaires.
2) Par rapport au niveau des pouvoirs publics est ce que vous ressentez qu’il y a la protection des peuples autochtones ?
Au niveau public je ne connais pas, il faut une reconnaissance de la norme juridique par rapport aux peuples autochtones. Les peuples allogènes peuvent arracher les terres de peuples autochtones ? Arracher c’est trop dire ; c’est à dire puisque nous les accueillons nous accueillons tout le monde sauf s’ils achètent mais ils ne peuvent pas arracher.
3) y a-t-il des peuples autochtones dans votre circonscription?
A Efoulan il y a un seul peuple autochtone c’est les Ewondo c’est à dire la grande famille ATEMENGUE TSOUNG-MBALLA.
4) quelle est l’histoire de ce peuple ?
Là je serai un peu bref vers le 17ème siècle le grand groupe Ekang c’est à dire le peuple de la grande forêt équatoriale. Vers le 17ème Siècle ils fuyaient donc l’islamisation arabe du côté de la haute Egypte. quand ils fuient cette islamisation ils se retrouvent sur les bords de la Sanaga au Cameroun ; mystérieusement ils traversent ce grand fleuve à l’aide de ngang medja qui signifie un gros serpent mythique qui a traversé ce peuple de la Sanaga après la traversée mon peuple s’installe donc sur le haut plateau d’Atemengue où nous portons le nom c’est à dire du côté de Ngoa ekelle et ses environs c’est à dire Obili, Melen, Biyem assi et sur la colline de Mvolye qui comporte Efoulan, Nsam, Nsimeyong et plus de cela grand derrière mon peuple a pris le bâton de commandement pour guider le peuple Ewondo, Etega, Banè et Mbita mban brièvement c’est ça
5) Et par rapport à la succession ?
Euh par rapport à la succession nous avons notre ancêtre de TSOUNG-MBALLA il y a eu Charles Atangana qui était chef superieur, Abel Belinga qui était chef supérieur et le décès de Martin Abega bon hein des années après madame Assiga. Mais à la chefferie de troisième degré il y a eu Mr Onana Abega Jean, Mr Abe Onana Sébastien et je suis le troisième.
6) Donc les femmes dans la tradition Ewondo en particulier celle d’Efoulan peuvent être cheffes ?
Là c’est une longue histoire
7) j’ose croire qu’après vous ça sera une femme ?
Non, comment prendre une femme alors qu’il y a les hommes, voilà pourquoi je vous dis que c’est une longue histoire.
8) Votre perception de la gouvernance de la femme ?
La femme est très mal placée, une femme peut être cheffe de blocs, il y a des femmes cheffes de blocs, cheffe de village de troisième degré mais au niveau supérieur c’est un peu délicat pour la femme. C’est plus sérieux au niveau de la chefferie supérieure pour les femmes.
9) La nature des relations avec les allogènes ?
Dans ma localité, vraiment avec les allogènes nous entretenons des relations pacifiques .il y a pas de problèmes.
10) Estimez-vous qu’ils gênent un peu ?
Non ils ne gênent pas si tu as cédé une parcelle de terrain à quelqu’un et s’il est tranquille dans son coin (voilà).

11) Que pensez-vous de l’invasion de la culturelle des allogènes !
Dans ce sens vraiment ça ne peut pas exercer une certaine discrimination parce que quand nous vous accueillons chacun doit respecter sa tradition donc faut pas chercher à nuire à autrui. Ils sont nombreux ils ont leur foyer, ils font leur culture là-bas et nous aussi quand nous avons nos évènements nous les invitons. C’est comme ca
12) Que faites-vous pour valoriser votre culture ?
La mairie a voulu créer un centre d’apprentissage (bon le projet je ne sais pas ce qu’il en est) pour revaloriser la culture Beti.
13) quelles sont les personnes qui vous accompagnent dans l’exercice de vos fonctions ?
Moi j’ai une politique dans ma chefferie, j’ai mis en place une politique de vivre ensemble parce que dans ma chefferie mes collaborateurs directs je les ai choisi parmi toute la population, toutes les couches sont là. C’est à dire parmi mes chefs de blocs tu trouves une personne de l’Est, de l’Ouest, du Nord.
14) Et en cas de problème ça se passe comment ?
Quand il y a un problème dans un bloc c’est le chef de bloc qui s’en occupe et il rend compte.
15) Que faites-vous par rapport au développement ?
A chaque fois qu’il y a un évènement j’interpelle toute ma population à contribuer d’une façon morale, physique et parfois financière. Je fais un communiqué adressé aux chefs de blocs sous forme de circulaire. Je suis en train de mettre sur pied un comité de vigilance intégrant toutes les couches sociales.
16) Quelles sont vos relations avec les chefs du Mfoundi ?
Nous avons de très bonnes relations parce que nous avons une réunion de tous les chefs du Mfoundi et ici Yaoundé III nous avons une réunion des chefs de Yaoundé III ? Donc nous sommes en contact permanent. Chaque fois qu’il y a un évènement tu appelles et quand tu as un petit problème, un problème qui te tracasse un peu tu peux prendre conseil.
17) Est-ce que le garant de la tradition doit forcément être un politicien ?
Moi je ne suis pas politicien et je n’apprécie pas ce genre de comportement. Un chef doit accueillir tout le monde, en matière politique vous voyez nous avons combien de partis politiques au Cameroun si tu pars te cacher derrière un parti politique et les autres qu’est ce qu’ils feront, tu vois donc que tu ne sers pas toutes tes populations. Un chef doit recevoir tout le monde, voilà donc moi je ne fais pas la politique
18) Que feriez-vous en cas d’invitation à un meeting politique ?
Je vais, je vais assister je n’ai aucune position à prendre j’assiste juste et puis et si il y a une enveloppe je prends si il n y a rien je rentre.
19) Que pensez-vous de la dot en rapport avec le nouveau code pénal ?
Cette loi mais bon ils écrivent leurs lois là-bas. Parce que la dot c’est en fait quelque chose de sacré et ce que je déplore aussi il y a des gens qui exagèrent. Quand tu arrives à demander un million de franc à quelqu’un pour ta fille, tu ferras comment demain, ton beau fils ne viendra plus chez toi ? Tu n’auras plus même plus de problème ? Pour moi je ne suis pas contre la dot, mais faut pas exagérer c’est ça c’est mon point de vue.
20) Et si un prétendant apporte 100 000 Fcfa que diriez-vous ?
Non, moi je respecte ma tradition vous restez avec vos lois là-bas parce que sur 100 000 tu vas payer combien de chèvres pour donner à la famille parce qu’il faut que les hommes mangent leurs chèvres et les femmes leurs porcs et leurs beaux-frères la chèvre. Il faut le whisky, il faut le vin rouge et ça c’est leur droit là-bas, donc il faut respecter la tradition mais en la respectant il ne faut pas exagérer, parce qu’il y a des familles tu arrives je veux la montre, je veux un écran plasma, je veux les marmites cocottes je veux…je veux…non la dot c’est la nourriture c’est à dire on donne la chèvre au père, la chèvre aux beau-frères et le porc aux femmes et le poisson et les jus, mais il faut respecter nos traditions.
21) Et si c’est un milliardaire ?
Je lui fais la liste normale, parce qu’il faut satisfaire la famille au niveau traditionnel, c’est ça que je vous dis et je suis claire là-dessus.
22) Comment se passe le processus du mariage ?
La dot a deux phases, la première phase tu viens « toquer la porte » quand tu viens toquer la porte il faut apporter quelque chose à ta belle famille, la belle famille vous reçoit vous fait à manger et à boire et on vous remet la liste de la dot alors le jour où vous revenez pour doter la fille, il y a une première phase, vous demandez la main après cette phase là on vous fait asseoir on vous fait à manger, on boit. La deuxième phase c’est alors la dot même, vous présentez ce que vous avez apporté à toute l’assistance c’est dans une cour. On vous remet la femme et si vous voulez on signe l’acte même, si c’est programmé.
23) Y a t- il des ressources naturelles qui vous appartiennent ?
Là ne nous bénéficions d’aucune ressource depuis la nuit des temps. Aucune ressource là il faut être sincère. Elles sont inexistantes.
24) Quel votre plus grand souhait ?
Mon souhait est ce que les pouvoirs publics et les âmes de bonne volonté s’ils peuvent m’aider avec mes populations, contribuer avec mes populations pour que nous vivions paisiblement. C’est mon plus grand souhait.
25) Et s’il fallait vous aidez à réaliser un projet ça serait lequel ?
Voilà pourquoi je parlais de ces aides à tous les niveaux, déjà les jeunes sont devenus paresseux certains se battent à faire quelque chose mais certains c’est le « tramol » et le chamvre indien.
26) Quel est le met préféré de sa majesté ?
Euh moi je mange tout je n’ai pas de met préféré
27) Y a-t-il un met que les Atemengue aiment particulièrement ?
Chacun a son goût hein, quelqu’un peut te dire que moi c’est le « nkoa Ntonè », l’autre va te dire que moi j’aime le porc ou le « sanga ».
Sa majesté a-t-il un compte Facebook ?
Non non mon téléphone c’est juste appeler recevoir.
Propos reccueillis par NGO MAHI THERESE